Le Projet V

Dans le cadre de ma démarche de création, j’ai entrepris un travail approfondi sur la violence psychologique, afin de développer un lexique dramaturgique centré sur les images, elles-mêmes créées par les sens, les sons, les sensations, l’objet, la marionnette et la lumière. L’objectif est de poser les bases d’une approche originale du personnage victime de cette violence, sans recourir à la parole, en explorant des moyens d’expression visuels et sensoriels. Ce projet vise à aborder la violence invisible, particulièrement celle vécue par les hommes, et la difficulté de la reconnaître socialement. La violence psychologique, souvent difficile à prouver et à nommer, conduit la victime à douter d’elle-même, manipulée par l’agresseur au point de se croire responsable de ses souffrances. Lors de mon exploration en 2024-25, nous avons établi la base d’un langage dramatique poétique, solide et original. Nous y avons trouvé bien des réponses. Je cherche maintenant à créer une performance où un homme seul, dans toute sa vulnérabilité, sera confronté à la violence dans un silence oppressant. L’espace scénique, paradoxalement ouvert et libre, aura pour fonction d’illustrer une prison mentale, où la liberté apparente du personnage devient une forme de contrainte. Les éléments scéniques — sons, lumière, objets marionnettiques, marionnette, cage sans murs — seront conçus pour évoquer des agressions subtiles mais puissantes, sans usage de mots. En utilisant les dispositifs scéniques du théâtre noir, nous transformerons des objets du quotidien en agresseurs de l’homme. Nous voulons ainsi démontrer l’état de doute perpétuel du personnage face à la violence psychologique. Vit-il vraiment cette violence? Est-il lui-même l’auteur de la violence? Dans Le Projet V, j’explore comme un personnage rongé par le doute peut prendre vie sans utiliser la parole et survivre à la violence verbale et psychologique sans recourir à la langue. Je souhaite utiliser ces moyens d’expression, le théâtre d’objet, la marionnette, la lumière, la musique et le bruitage en direct, comme des évocations d’agressions pour plonger ce personnage dans la violence verbale, mais sans jamais recourir aux mots, en privilégiant toujours l’image. J’aimerais traiter des thèmes de la violence invisible, de la prison mentale de la victime, de l’envahissement émotionnel face à des images ou à d’autres stimuli chargés d’une force évocatrice pour ce personnage.